les musiques du Vénézuela
octobre 14, 2008 11:53 chroniqueA l’occasion du focus Venezuela du festival du cinéma de documentaire et de fiction latino américaine, nous avons eu l’occasion d’investiger à propos de la musique vénézuélienne d’hier et d’aujourd’hui.
Donc voici quelques pistes pour débuter dans cette musique riche et variée.
Actuellement, la scène musicale vénézuélienne est en effervescence, ça part dans tout les sens! Non seulement la musique traditionnelle reprend du poil de la bête, mais les musiques latines plus générales (salsa, merengue, reggaeton) restent très ancrées et que dire des musiques actuelles! Les groupes rock, pop, hip hop, electro, etc. pullulent dans les grandes villes.
Pop
Bacalao Men
La référence en rock du pays est Desorden Publico, un groupe qui existe depuis presque 20 ans et qui est très populaire. Personnellement, si je suis sûr que ce groupe a compté et compte encore pour les vénézueliens jeunes et moins jeunes, sans doute surtout pour les textes, musicalement, cet espèce de ska-rock-pop ne sort pas du lot pour ceux qui ont déjà entendu les nombreux groupes du genre dans le monde. Dans ce genre, King Chango, installé désormais à New York, est un peu plus attirant. Leur ska rock, bien qu’adressé principalement aux ados, donc un peu naïf, s’avère beaucoup plus festif.
Papashanty
En reggae, Papashandy Saund System est le groupe qui marche. Il parait que plein d’autres groupes suivent la même voie. Papashandy mélange reggae, ska, ragga, hip hop, tout ce qui parle aux jeunes, c’est assez efficace mais pas d’une originalité transcendante.
Dans le genre pop funk, un groupe fait sensation par son humour sarcastique et son savoir-faire groovant: Los Amigos Invisibles. Le groupe, dont certains CD sont sortis chez Luaka Bop, le label « world contemporain » de David Byrne, et ont donc bénéficié d’une distribution mondiale, est très populaire dans toute l’Amérique Latine. Ce sont des missiles funk que produit ce groupe, avec hélas parfois une production un peu mieleuse mais c’est là une des caractéristiques incontournable du genre.
Nouveau venu sur la scène, pas loin des Amigos, Bacalao Men exécute un travail de rapprochement entre rock pop funk et musiques caribéennes très intéressant. S’il y a bien un groupe qui a un avenir international, c’est bien eux. Ils ne leur manque plus qu’une distribution qui dépasse les frontières.
Hip hop & electro
Vagos Y maleantes
Comme dans toute l’Amérique Latine urbaine (existe-t’il d’ailleurs une ville dans le monde qui n’ait pas son groupe de rap?), la scène hip hop est fourmillante, que ce soit sur des beats purement hip hop, reggaeton ou carribéens. Citons juste quelques noms: La Corte, qui semble un des groupe fondateur du mouvement dans le pays; de ce groupe sont issus DJ Trece, qui donne dans le breakbeat electro assez personnel, et Tres Dueños, quelques uns des rappeurs de la bande, Vagos Y Maleantes, les plus énervés du lot et Venezuela Subterrànea, les plus lourds (gothique?).
Bon, faites gaffe aux paroles, ça ne vole pas toujours très haut, on y parle des quartiers et des caïds comme le font tous les groupes rap du monde, dans un langage cru à la limite du patois incompréhensible ou même incompatible avec de prudes oreilles! Niveau musical, impossible pour ces crews d’oublier leurs racines caribéennes, ce qui laisse la place entre deux imprécations péremptoires à d’entrainants samples de salsa ou guajira qui feront rougir de jalousie les plus commerciaux Orishas.
La musique électronique commence à faire une percée dans le paysage musicale vénézuelien. Pour l’instant, à part DJ Trece cité plus haut – un gars qui pourrait être signé chez Warp – juste un nom à vous donner: KP 9000, un collectif qui invite des MC connus ou inconnus à tchatcher sur une techno de bonne facture.
Musique traditionnelle
Tambor Urbano
Depuis quelques années, on va dire depuis la chute du mur de Berlin et le début de ce qu’on appelle la mondialisation, la recherche d’une identité nationale plus marquée se fait sentir dans le monde entier. Cela se traduit souvent dans un regain d’intérêt pour les musiques traditionnelles. Et effectivement, le Venezuela ne déroge pas à la règle, le patrimoine musical, déjà à la base moins délaissé que par chez nous en Europe, est redécouvert par une nouvelle génération de jeunes et moins jeunes. Un mouvement lancé par le groupe Madera et continué actuellement par la formation La Herencia. Mais il existe une quantité de groupes qui perpétuent les traditions tout en les modernisant: Tambor Urbano, Un Solo Pueblo pour ne citer que ceux-là.
A ce propos, écoutez dans notre rubrique « case d’écoute », l’interview de Palenque Son Karibe, un groupe qui mêle des musiques de racines vénézuéliennes et colombienne. Ceux-ci nous parlent entre autre de Barlovento, la ville où se concentre les racines de la musique afro-vénézuélienne.
Le rythme traditionnel – emblématique du pays serait-on tenté de dire – est appelé « la gaita » (à ne pas confondre avec la flûte colombienne, rien à voir!). Ca sonne comme un croisement entre la musique llanera (à base de harpe principalement, cfr Simon Diaz, compositeur entre autre du classique « Caballo Viejo » et, si je ne me trompe pas, de « Moliendo Café », rien de moins!) et les rythmes afro-vénézueliens. Un assez bon représentant de la gaita est la formation Mandingo Y Su Familia. Ceci dit, cette musique un peu trop rabachée à toutes les sauces a été prise en grippe par les jeunes. Aucun jeune groupe moderne qui ne s’en revendique donc…
Dans la musique llanera, juste le nom d’un musicien qui semble assez comique: El Cazador Novato
Sinon vous trouverez pas mal de compilations « touristiques » (« rough guide » et consors) qui vous donneront leurs propres versions du folklore vénézuélien.
Salsa
Dimension Latina
Le Venezuela possède une longue lignée de salseros, le pays faisant partie des caraïbes, le nord du moins. Les échanges dans cette partie du globe sont serrés. Le son cubain (comme, plus étonnamment, le calypso Jamaïcain) y a eu un succès énorme. De la salsa vénézuelienne, tous le monde connais Oscar D’León bien sûr mais ignore qu’il fut le simple chanteur de La Dimension Latina, LE groupe de référence en salsa de ce pays. On peut encore citer le Sexteto Juventud, une formation qui faisait une sorte de son cubain pop tout à fait entrainant, dans les années 60 et est l’auteur d’un tube dans toute l’Amérique Latine « Espiritualmente ».
Le coup de coeur
« El Loco » Ray (Perez)
Le coup de coeur en ce qui concerne la muique vénézuelienne est Ray Perez, un drôle de gars, un pianiste à l’origine de plusieurs formations aux noms aussi évocateurs qu’incongrus. Son premier groupe: Los Dementes avec qui il gravera son premier tube: « Pal’23 », s’en suivra une suite de formations dont Los Kenyas ou Los Calvos (Les Chauves!), jusqu’à son déménagement vers New York où il s’encanaillera avec les gens de la Fania (Charlie Palmieri en tête).
Ce type un peu dément jouait de la salsa avec un batteur (et non un timbalero), oui mais avec un batteur jazz au swing explosif (pas un gros lourd de batteur rock, Dieu merci!). Déjà son piano emportait tout sur son passage à un rythme effréné, mais les musiciens dont il s’entourait ne ralentissaient rien à la frénésie de cette salsa swing « a mil »!!
Je ne connais guère que le colombien Fruko (et ses fameux « Tesos » (Durs)) qui pouvait rivaliser dans les années 70 avec « El Loco » Ray. Sinon rien de comparable, le plus swing, c’est lui!
Pour tout savoir, un interview très complet et intéressante du monsieur.
Bon, ben…
Il semble que les musiciens vénézuéliens se prennent moins au sérieux que la moyenne. Que ce soit par l’humour dans les paroles ou par l’irrévérence dont ils font preuve dans le mélange des genres, ces musiciens cultivent une créativité pop impressionnante!
Hubdidub
Merci à Joaldo Dominguez pour les séances d’écoute et d’initiation!
mbark :
Date: novembre 24, 2008 @ 3:28
salut, sympa ton blog ! vraiment agr »able de lire tes billets. pouur en revenir à ce billet, parfois ceretaines parenthèses en disent bie + que le reste de la phrase:c donc voici quelques pistes pour debuter dans cette musqiue riche et variee 🙂