Festival Esperanzah!

5:01 pm chronique

L’important dans un festival, c’est de trouver son chemin. Entre: amis, occupation professionnelle (Radio Esperanzah!), pauses revitalisantes et concerts. Et chacun trouve le sien. Pas toujours simple mais chacun le sien comme dit la chanson.

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• VENDREDI était le jour de l’installation, donc pas vu grand chose. Le temps de se mettre dans l’ambiance, déjà pas mal de concerts avaient pris fin. A peine le temps d’apercevoir le look Zappa vintage de la section rythmique de Little Cow, un groupe hongrois pop folk qui, s’il n’a pas inventé la poudre, prouve que de ce côté de l’Europe, la pop moderne est plus perméable aux influences diverses qu’à l’ouest et c’est tant mieux.

Little Cow

Little Cow

Passé 2 minutes voir Mala Vita, sorte de croisement italien de Rage Against The Machine et Mano Negra pour faire court, très adapté à la scène « côté cour » justement.

Aperçu Vieux Farka Touré de loin, cette musique africaine qui se risque au funk blues jazzy n’emballe guère. Le vieux père (Ali Farka), faisait beaucoup plus dans la dentelle que son rejeton et déjà, je n’étais pas à la fête, alors…

Xavier Rudd

Xavier Rudd jouant plusieurs Didjéridoo à la fois! (avec les narines)

Ce n’est qu’avec Xavier Rudd que le niveau s’élève un peu. Enfin une musique en adéquation avec ce que peut donner le son d’un festival (Les sonorisateurs doivent être sourds pour mettre ainsi les basses tellement en avant! Même ici à Esperanzah). Donc Xavier Rudd. Il surprends d’abord par la formation proposée: 2 batteurs et c’est tout! Heureusement on s’aperçoit assez vite que le bonhomme accueille sur ses genoux, non pas sa nièce ni une quelconque groupie, mais une guitare slide. On pense evidement à Ben Harper, mais un Ben Harper qui aurait croisé les White Stripes (donc Led Zeppelin évidement), plus sauvage donc. Par rapport à ce que j’avais entendu de lui, du vague folk anglo saxon, ça contrastait, ça groovait. Puis, Xavier congédie son batteur pour quelques minutes, le temps de nous concocter une techno aborigène à la main. Pas mal, ça reste ce qu’on verra de mieux dans l’utilisation du didjéridoo, un instrument hélas utilisé à tord et à travers pour faire « rituel spirituel ». Je ne sais pas si nos amis aborigènes doivent rire ou pleurer à l’écoute de ce qu’on fait parfois de leur musique… Le batteur revient pour quelques reggae’s minimalistes et mélancoliques, c’est sympa, on se repose.

Même si le final interminable avec son banjo quasi inaudible plombe la fin de son set, on sent que Xavier Rudd est à l’aise dans son trip. Et cela se vérifiera quand on l’interrogera à la radio un peu plus tard. Le type n’a pas seulement des yeux pétillants d’intelligence, il est d’une lucidité, d’une légèreté et d’une amabilité confondante!

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• SAMEDI, c’était le jour des têtes d’affiche, enfin, à moitié têtes d’affiche… Mais qui a besoin de tête d’affiche à Esperanzah? Ici, dans ce festival, les pieds valent la tête et tout le reste, on n’est pas là pour adorer des stars mais pour s’imprégner de vibrations singulières que nous offrent des personnalités particulières.

Silvia Abalos

Silvia Abalos et ses Abalettes

C’est à la mexicaine Silvia Abalos que revient la tâche d’ouvrir la journée des femmes côté jardin. Si sa voix est mexicaine, si son corps est mexicain, si sa parure est mexicaine, par contre sa musique est un court-bouillon d’une vie d’errances et de collaborations diverses. Une musique qui pêche parfois par une accointance trop prononcée avec le jazz sirupeux des années 80. Mais en général la dame s’en tire bien avec beaucoup de sincérité, d’émotion et d’humour. La scène s’anime par la venue de danseuses de cultures différentes, du zapatéo mexicain et de grands moulinets africains exécutés par une brésilienne, et par l’apparition, souvent à contre-temps, d’un MC congolais. Enfin, ça bouge sur scène et Silvia, Au milieu, essaye tant bien que mal de gérer cette ménagerie latino-africaine. Le public adhère à ce spectacle chaud et émotionnel.

Jeté un rapide coup d’oeil à Balimurphy. Qu’est-ce qu’on peut dire d’un groupe comme ça? Que Louise Attaque (et d’autres bien avant eux) est passé par là et a déjà bien synthétisé la chose, que chaque bled français possède sa version de ce genre de groupe sympatoche et franchouillard pour jeunes et que, sans doute, toute la francophonie est maintenant contaminée. Ce groupe-ci est belge.

Koto

Le Koto

Retour à la journée des femmes du jardin: Huong Thanh, chanteuse du Vietnam, accompagné par un guitariste jazz du même coin, une joueuse de koto (cette espèce de slide guitare alongée et asiatique joué bizzarement presque uniquement par des femmes) et trois jazz(wo)men plutôt de par chez nous. Pour une première tentative de musique asiatique au festival, on est pas très convaincu, faut avouer. Oui mais aussi pourquoi toujours vouloir rendre les musiques du monde accessible en les teintant de fusion anglo-saxonne peu convaincante? Seuls deux moments sortent du lot: un morceau en trio, sans les jazz(wo)men et un morceau dans lequel les trois jazz(wo)men peuvent enfin s’exprimer en sortant du carcan fusion vietnam, le jazz à ce moment se lache, enfin! Donc oui, pourquoi ne pas laisser évoluer les musiques du monde dans leurs propres styles? Pourquoi uniformiser par la fusion en fait? Les soli jazz de koto était bien plus convaincants que ceux de la guitare électrique sirupeuse…

Buika

L’incroyable Concha Buika

La grand claque (SSBLAFF! A chaque morceau!) du festival, c’était ce concentré d’émotions, de rires carnassiers, de malheurs noyés au rhum et d’extrême intensité qu’était Buika. La formation très serrée: piano, cajon (vous voyez: la seule percussion qui se joue assis dessus) et voix, point, fait ressortir les nuances de la matière brut qu’est la musique de Buika. On peut être rebuté par cette manière de chanter-déclamer-crier-grimacer limite pathétique de la superbe chanteuse (limite explosée 90 % du temps, mais explosée à la manière d’un vrai feu d’artifice), ce qui est clair c’est que son corps félin, sa musique aride et son chant désespéré-envouté, tout ça bouge comme un seul homme en un mouvement de transe gitano-africaine: splendide!

Descendu voir, bien malgré moi (Interview du groupe prévue dans la soirée oblige), mais de derrière la grille du fond, comme au zoo, faut pas pousser, les zozos de doMb. Bien mal m’en pris! Je dois avoir passé l’âge de ce genre d’idioties. Prix du didjeridoo le plus grotesque (le reste n’est pas loin du même niveau). Interview à la hauteur du prix précité. Idiot (« duMb »? Ils ont du y pensé justement). Jouissif pour beaucoup. Tant mieux. J’ai vraiment passé l’âge!

Pas vu ni Zita Zwoon ni Rokia Traoré, coincé pour mon plus grand plaisir avec Silvia Abalos dans le studio radio; puis avec les gens de Radio Chango et une bande d’espagnols qui envisage – scoop! – d’organiser un festival jumeau, un Esperanzah barcelonais!

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• DIMANCHE. J’attendais la Sonora Cubana avec impatience, surtout pour faire le zazou avec les quelques pas latinos que je peux, dans les bons jours, exécuter avec maestria. Mais voilà, face à une splendide vénézuélienne qui maîtrise autrement mieux la chose, je suis bien à la peine, forcé de me concentrer plus que de coutume pour un résultat pas particulièrement convaincant. Donc ne comptez pas trop sur moi pour vous décrire en détail ce qu’il se passait sur scène! Enfin, c’est sûr, ce groupe belgo-latino (avec quelques cubains pour pimenter) maîtrise son sujet: la musique cubaine. Le papy Mazzacoté, décriogénisé pour l’occasion, ne dépare pas de la vague des papies cubain d’il y a quelques années. L’élégante nonchalance caribéenne, vous voyez? En personne. Le bonhomme confirmera d’ailleurs plus tard en studio: tout lui vient naturellement, pas de répétition, pas de travail… ça fait bigrement envie! Sinon Marka a fait coucou sur la scène avec la Sonora et je n’ai pas tout compris: il chante en espagnol tout en ne comprenant presque rien à cette langue. Il apprend par cœur?

Toute les filles que je croise après le concert de Pura Fé sont bouleversées, les garçons aussi mais juste un peu, eux . Je ne sais pas, y a-t’il des vibrations particulières? Pour avoir vu le concert, un bon bout mais de loin, ça semblait effectivement assez tellurique. L’énergie vient du sol qu’elle frappe intensivement du pied. Tout en s’égosillant sur un blues venu du fond des tripes. Plus de bruit et moins d’élégance que Buika, si je puis me permettre. Sinon encore une formation réduite: 2 guitaristes (dont elle évidement) qui martèlent tous deux inlassablement le sol du pied. Ils vont finir par faire vaciller l’Abbaye sur sa base, à force!

Plutôt chouette ces formations réduites, ça nous évite la mellasse sonore dont nous abreuve le sonorisateur de base et nous permet de capter l’énergie nue. Et de l’énergie, Pura Fé n’en manque pas!

Une demi heure de sieste blotti dans un canapé du studio.

Terrakota et la foule décole

Mon ex-petite amie est portugaise, Josélita, elle m’a largué il y a déjà un bout de temps. Vous n’en avez rien à faire et moi je ne la pleure plus, mais je voulais quand même savoir quelque chose. Elle vouait à Terrakota un culte inassouvible. Moi j’ai dû dégager, Terrakota est resté, je voulais savoir…

Bon, étape 01: Le concert. Se faufiller avec une copine tout devant, là où ça chauffe. Premier bon signe: pas de pogo, pas de vague d’ado en sueur, la musique doit être trop complexe pour le festivalier en quête de jump binaire. Et effectivement, la musique de Terrakota est constituée d’une trame complexe d’influences hétéroclites: Portugal, Inde, Afrique, Brésil, etc. Terrakota, c’est clairement du voyage. Que ce soit en groupe ou séparément, les membres de Terrakota voyagent dans le monde. Que se soit sur CD ou sur scène, la musique de Terrakota voyage dans le monde. Il se peut qu’en une seule chanson, on traverse 3 continents. Là devant moi, la copine danse avec un large sourire, il y quelque chose qui lui parle, qui lui sourit. Il y a effectivement quelque chose qui sourit dans la musique de Terrakota, beaucoup de soleil et ce malgrés des paroles pas toujours très drôles. Ca sourit et ça danse. Chaque chanson se vit avec le corps. Les musiciens ne sont en ce sens pas avares de chorégraphies colorées qui ponctuent pratiquement chacune de celles-ci. C’est Junior, ce concentré d’énergie pure qui semble être l’âme du groupe, entre les chansons, il s’adresse à nous dans un frantugais saccadé et burlesque (malgrés lui).

Etape 02: l’interview. Clairement je m’étais proposé et avais insisté pour réaliser celle de ce groupe, je voulais en savoir plus… Ce sont Alex et Romi, la chanteuse, qui se présente au studio, la conversation sympathique et passionnée sera à la hauteur de leur musique multiculturelle: en français, espagnol, portugais et anglais. Au milieu de la discussion, Junior pénètre dans le studio, silencieux mais armé d’une caméra. Junior est en position « OFF ». Romi lui propose de rester causer avec nous. Junior se lance dans un monologue dans son frantugais fantasque et physique. Junior est maintenant clairement en position « ON », le studio s’électrise!

OK Josélita, voilà j’ai enfin compris: « ON », voilà tout: « ON »…

Alors que nous parlons en studio avec Terrakota et que la conversation s’anime, les éléments naturels ne sont pas en reste. Un véritable déluge s’abat sur Kenny Arkana. Il paraît que le concert n’en a été que meilleur, que les fans sont restés, le poing levé. Difficile à croire à la vue des cordes, des seaux, que dis-je, des bassines qui dégringolaient sans discontinuer sur l’Abbaye, et pourtant vrai!

Howe Gelb et Amparo Sanchez pour un numéro de diva

Mais avant ça, avant le déluge, avant Kenny Arkana et même avant la discussion avec Terrakota, Nous avons eu droit au concert d’adieu de Madame Amparanoïa, Amparo Sanchez pour les intimes (et pour une future carrière solo, qui sait?). « Madame » parce que Manu Chao la site comme une inspiration majeure. Ce n’est pas rien. Amparo nous gratifie de tous ces hymnes de poche en un set joyeux, on danse et on oublie les premières salves de l’orage. Quelques espagnols psalmodient toutes les paroles de toutes les chansons, cette femme a marqué une génération. En fin de concert, Howe Gelb (chanteur, musicien de Giant Sand, un groupe culte pour beaucoup) entre en scène pour nous offrir en compagnie d’Amparo, des hybrides americano-hyspaniques moyennement intéressants et une chanson en français (inconnue au bataillon… Ceux qui savent peuvent nous contacter sur info@djiboutik.be). A la fin, Amparo nous fait sa diva. Je ne sais pas si elle prépare un carrière solo dans ce sens mais, à entendre ce que sa donne, mmm, faudrait pas oublier les choses simples non plus!

Radio Esperanzah se clôture alors (puisque Amparonoïa a annulé son intervention) avec toute la très sympathique équipe des radios alternatives francophones de Belgique. Moi: pas trop dans le coup pour cause de copine oubliée sous la pluie…

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Gentille décadence chez les vip’s

• LUNDI matin. Très tôt. Bizarre effet que de se retrouver dans une sorte de carré VIP pour la fête de l’équipe du festival. Open bar. Comme dans un clip de rap (mais sans la piscine). Julien (ou Selector Matanzas), le boss de la radio est aux platines et, malgré une fatigue accumulée méticuleusement, nous gratifie d’un excellent set ou se mélangent classiques latinos et nouveautés « Radio Chango » et répand la bonne humeur dans la fête. Youpie!

Lundi, beaucoup plus tard. Levé la tête à l’envers. Pas de petit dèj Oxfam, donc pas de bande de mamans en goguette, venues emmagasiner de l’énergie au festival en vue d’une expédition cyclopédique avec leurs nombreuses marmailles, pour m’accompagner. Dommage. On décide alors de faire trempette et une sieste dans un endroit paradisiaque. On ne vous dira pas où, mais il existe pas loin du site du festival, un endroit où il est possible de nager dans de l’eau douce et tiède, émeraude et sauvage. C’est merveilleux.

Retour à Bruxelles en début de soirée, dernière halte dans un restaurant-poissonerie sympathique et au lit!

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PS: Texte, images & fautes d’orthographes protégés par des lois de droits d’auteurs hyper-stricts!

PS2: vous retrouverez des extraits sonores de tout ça sur http://radio.esperanzah.be/
les images du festival sont sur http://www.esperanzah.be/photos

réponse au commentaire: Juste! Mais je ne suis qu’un être humain malgrés tout!!!
Levé la tête à l’envers, la preuve: le beau dessins que j’ai réalisé à l’aide de café bouillant! Buika

One Response
  1. aymeric :

    Date: août 21, 2008 @ 10:10

    Ouah, belle prose
    tu y as mis la dose

    Tu as juste oublié de parler de l’énorme tache de café qu’on a fait sur le matelas lundi matin, et des traces énoormes que ta belle rouge a laissées sur le terrain de foot de l’Olympique Floreffoise….