Taraf de Haidouks, Rondo Veneziano tzigane?

4:12 chronique

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Oui bon, surtout parce qu’ils nous font le coup de la version de morceaux de musique classique. Donc, au niveau du concept, oui, mais attention, dans la réalisation, c’est moins coincé et beaucoup plus bordélique! Enfin, bordélique… c’est ce qu’on aime chez eux, cet ensemble de sons variés qui sonne bastringue et qui tangue comme un bateau îvre. Ivre de chagrin, dans les textes et l’intonation, et de bonne humeur communicative sur scène.

En une petite dizaine année de succès, nos amis du Taraf des brigands (traduction de Haidouks), ont bien changé sur scène. Les voilà passés du groupe de bal pétrifié par un public avide de curiosités folkloriques, à de véritables musiciens professionnels. Et ce sont surtout eux qui insistent sur ce statut. Depuis qu’ils s’évertuent à jouer de la musique respectable, accompagnés d’un véritable chef d’orchestre classique, il ne faut plus les considérer comme de vulgaires amuseurs.

Avant, on avait droit à un groupe qui bougeait à peine sur scène, qui restait bien groupé en rang d’oignon en ce milieu hostile. Mais, dès les choses sérieuses terminées, le naturel revenait au galop. Il ne fallait pas plus d’un quart d’heure avant que la bande ne se pointe dare-dare dans la buvette de la salle pour nous gratifier d’un VRAI concert au milieu d’un public autrement mieux préparé à cette déflagration de rythmes frénétiques. Leurs bringuebalantes farandoles s’accommodent mieux d’un peu d’ébriété.

Et alors maintenant, qu’est-ce qu’on a gagné? Les musiciens maitrisent mieux leur folie et la rendent, de ce fait, encore plus efficace. Maintenant qu’ils s’essayent à des choses nouvelles, on sent vraiment la qualité des musiciens, sortis de leur sérail musical et obligés, armés de leur seul talent, de s’adapter. Et ils font ça bien. Ils ont gagné en aise aussi. Ils se laissent aller à plus de cirque, un petit pas de danse par-ci, un clin d’oeil par-là, on a l’impression de se marier à Cléjani (Roumaine) avec tout le village.

Une nouvelle génération de haidouks vient à présent renforcer le capharnaüm gitan. Un accordéoniste (fils du papy accordéoniste) et un guitariste virtuose (fils d’un autre papy du groupe). Enfin ça reste une histoire de famille, on n’en sort pas, ce n’est pas demain qu’ils mettront une annonce dans le journal afin de recruter un musicien!

Ils jouent près de deux heure sans fatiguer. Il parait que ce n’est rien en comparaison des mariages de Clejani qui commencent vers 18h et se terminent… tôt le jour d’après! Nous sommes sur les rotules et on les remercierait presque de ne pas remettre ça dans le bar du Vaartkapoen pour une nouvelle heure de frénésie. De toute façon, il y le dj Gaetano Fabri qui se charge de finir les derniers convives de ce dimanche soir avec un mix de haute volée de musiques d’Europe de l’est.

Ah oui, oscar de la plus seyante cravate au papy chanteur-violoniste qui illustre cette chronique, mais qu’y voit-on? Noooon, un bel ordinateur (bien vintage me direz-vous)! Un comble pour ce groupe complètement non-électronique!

Hubdidub

Photos de MC Gilles

Taraf-Cravatte

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