Chronique nouveau CDs février 2015

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Voici quelques nouveautés récentes commentées par l’équipe de Djiboutik
Bonne écoute!

Akalé Wubé – Sost – 2014

Ce quintet français a commencé en reprenant les grands classiques des CD de la série éthiopique, la musique de l’Éthiopie du siècle passé. Sur ce CD, sorti en septembre 2014, que nous avions raté à l’époque, on peut apprécier l’ouverture qui s’est opérée dans un répertoire d’hommage plutôt studieux. A l’éthio-jazz très en vogue il y a quelques années de ça, ce sont ajoutées quelques touches d’afrobeat bienvenues, quelques collaborations (Manu Dibango, Krar Collectiv) et quelques nouveaux instruments, (le piano à pouces par exemple) qui apportent des teintes nouvelles et passionnantes à un disque plus atmosphérique que ses prédécesseurs. L’éthio-jazz conserve encore une fois son pouvoir de fascination sur ces enregistrements mais on sent toutefois que le filon est en train quand même de s’épuiser petit à petit. Il est temps de déterrer d’autres sources d’inspiration des riches tréfonds de l’Afrique!

Ibeyi – Ibeyi – 2015

Le projet en vogue du moment est un duo de jumelles franco-cubaines. Autant le dire tout de suite, leurs origines ne sont pas évidentes à repérer à la simple écoute de ces chansons electro avant-gardiste! Il faut attendre quelques minutes avant de tomber sur une langue indéchiffrable. Il s’agît du Yoruba, une langue d’origine africaine, utilisées à Cuba, surtout dans la religion Santeria (et au Brésil dans les rites du Candomblé). Il y a effectivement de la religiosité dans ces litanies hantées qui croise Bjork avec du guaguanco cosmique!

Trio Chemirani – Dawâr – 2015

Les Cheminari sont une famille de musiciens qui perpétuent la tradition des percussions iraniennes. Le père a, dès l’âge de 8 ans, été initié au Tombak (le grand tambour irannien), il a ensuite perpétué ce savoir-faire en l’enseignant non seulement à ses fils mais aussi à de multiples musiciens du monde entier. Le trio Chemirani, basé en France, se compose de Djamchid Chemirani, le père, ses deux fils et devient le Quatuor Chemirani quand la fille se joint à ceux-ci. Un disque entier de percussion, aussi inspiré et improvisé soit-il est peu digeste, les quelques notes de barbat (le oud iranien) ne fluidifie que légèrement la sauce, je vous conseille donc de vous plonger par séquence d’un morceau à la fois afin d’en percevoir la fascinante solennité.

Aline Paes – Batucada Canção – 2015

Premier disque solo pour cette jeune chanteuse originaire de Rio de Janeiro. Jeune mais pas inexpérimentée, elle a effectivement participé à de nombreux projets collectifs. En solo, elle nous propose un bouquet luxuriant de styles où la samba naturaliste, le jazz indolant et la batucada tranquille s’arrogent les meilleurs parts de ce disque qui mérite de plus attentive écoute afin de débroussailler des compositions hyper-sophistiquées. Aline Paes se place dans la tradition des divas naturalistes telle Gal Costa.

Samba Touré – Gandadiko – 2015

Samba Touré est en train de discrètement devenir le grand guitariste blues africain qui va succéder à Ali Farka Touré. Depuis quelques disques déjà son art s’affine et le son de sa musique se déploie sans trop d’effet de studio. Tout en restant dans une tradition malienne bien ancrée, Samba s’offre quand même deux promenades rafraichissantes dans les champs plutôt rock. Attention! Pas de ces fusions lorgnant vers le tiroir-caisse, deux chanson qui au contraire pourraient nous faire croire que le rock’n’roll est née au Mali, une véritable réappropriation. La première, “Wo Yende Alakar” commence comme “la chanson du forçat” de Gainsbourg, se conclut comme du gros rock touareg, la segonde “Su Wilile?” volle aussi son riff acoustique de base au rock’n’roll des années 50 pour le dévoyer en swing malien infernal! C’est la guitare acoustique swingante en fait qui différencie la musique de Samba Touré de celle de ces nombreux confrères dans le même créneau.

Orquesta Roca– Soy Mensajero – 2015

Ce n’est pas la coutume mais là, on vous propose un groupe “religieux”! Il est clair que la musique prend le pas sur la bonne parole cathéchisante. Ce groupe de Chicago, ensemble de musiciens jeunes et vieux, nous propose une salsa classique d’excellente facture. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas entendu de la salsa aussi swing et fluide que celle de l’orchestre Roca. Manque plus que de leur trouver un chanteur dévergondé et moins prosélyte afin de danser sans culpabilité aucune!

Raffy Diaz– El Mas Versatil – 2015

Difficile d’avoir des informations à propos de Raffy Diaz. Il est natif de la campagne profonde de la République Dominicaine. Et, effectivement, il nous présente quasiment tous les styles typiques de l’île, bachata et merengue en tête. Le titre du CD “El Mas Versatil” nous renseigne parfaitement sur le contenu, en l’occurence, on passe d’un slow tout pourri à des merengues endiablés comme on en entend encore très peu dans les années 2000. Si vous tombez sur ce CD donc, découpez-en les seuls 2 ou 3 merengue à l’aacordéon chaufé à blanc et jeter sans scrupule le reste!

Amsterdam Klezmer Band – Benja – 2015

Nous avons droit quasiment chaque année à la fournée de nouvelles pièces de klezmer balkanique chaud bouillant de nos amis amstelodamois. Ils feraient bien de sélectionner car ces disques commencent à tous se ressembler. Ma préférence va toujours aux morceaux chanté et spécialement à ceux qui le sont en dialecte néerlandais d’Amsterdam! Et quand ils s’y mettent à deux, le chanteur hollandais et l’ukrainien, on reste encore prêt à danser sur la table!

Taraf de Haidouks – Of Lovers, Gamblers and Parachute Skirts – 2015

Cela fait 20 ans que ces roumains nous entraine dans leurs infernales farandoles. De générations en générations, la vitesse d’exécution de ces ritournelle sauvages s’intensifie! Ce disque est un excellent cru! Varié, dynamique et brinqueballant, comme au premier jour!

Rhiannon Giddens
– Tomorrow Is My Turn – 2015

La chanteuse de Carolina Chcolate Drop nous la joue solo et on pouvait s’y attendre, elle n’allait pas se confiner au répertoire de country noires de son groupe. Elle élargit le spectre des musiques noires du sud des États-Unis. Gospel, country pop, blues, soul, il y a de quoi faire dans ce panel varié de musiques puissantes. Malheureusement, la production moins roots rends ce disque plus anonyme. Ca reste plus authentique que Valerie June, chanteuse lancée a grand renfort de marketing country sombre, mais on attendra quand même le retour des Carolina Chocolate Drop avec beaucoup d’impatience!

No-Maddz – No-Maddz (Sly and Robbie Presents) – 2015

Le nom de ce groupe jamaïcain sonne comme un concept lancer par un producteur vereux, désireux de s’en mettre plein les fouilles en un minimum de temps. En fait, ce groupe existe depuis une bonne dizaine d’année et tente de se faire connaitre en dehors des frontières de la ville de Kingstown. Est-ce que l’appui de Sly and Robhie vont leur permettre d’enfin émerger? Ça se pourrait bien, la production est hyper-efficace, et même si on entend un ragga futuriste assez pop, à full volume, il est difficile de résister à ces invitation à la fête! Pour une fois que Sly and Robbie nous propose quelques chose d’écoutable, on ne va pas gâcher son plaisir!

©© les Frères Smith – Free to Go – 2015
C’est dans l’ombre que ce groupe parisien s’est construit une réputation en béton armé auprès du public amateur de funk, d’afrobeat, de rythmes africains et de fête en général! 4 ans après leur première production, voici que sort des lymbes une bombe atomique irrésistible. Voilà exactement ce qu’il nous faut pour les festivals de cet été! De l’afrobeat à large spectre avec des voix roots et soul. Un tout bon album!

Pablo Iglesias – 2015

Un petit malin a mis sans (avec?) l’accord de son interprête les discours de Pablo Iglésias le leader du parti “Podemos” en Espagne, en groove. Il faut avouer que les harangues du fluet tribun sont parfaitement dans le rythme! Cela fonctionne comme une sorte de rage Against de Machine ibère! Quant aux beats électroniques rajoutés par-dessous, ils ne valent pas tripette face à la force de conviction de “Cola” (sobriquet donné à Pablo Iglésias et désignant sa coiffure en queue de cheval)!

Germán Montero – Regresa – 2015

De nouveau on ne vous conseille pas ce disque de valse fanfare aussi lourd qu’un buffet de tacos et tortillas! Mais ça nous fait notre clin d’œil à notre camarade Aymeric!

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