Nouveaux CDs mars 2015

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Sam Lee en concert chez Muziek Publique

Chroniques de nouveaux albums parus depuis ce début d’année 2015
Bonne écoute!


Los Callejeros
– Ukamao – 2015

Encore une groupe de musique latine engendré par des petits blancs, de Louvain cette fois! Sont-ils pire ou meilleurs que n’importe quel groupe alternatif d’Argentine, de Colombie, du Pérou ou de Bolivie? Pas évident de faire la différence au premier coup d’oreille! Ils ont quand même une spécificité qui les différencient de leurs homologues latino américain: ils ont beaucoup plus de facilité à sortir d’un répertoire cadré par le pays de provenance des musiciens. Ils ne se privent donc pas d’explorer la musique andine, la cumbia, la ranchera et d’autres rythmes latino-américains qu’ils laissent infuser dans une décoction de funk, reggae, swing, balkan et rock. Subsiste quand même avec une dernière limite, l’inspiration encore assez adolescente des textes et musiques.

Kiddus I – Take a Trip (feat. The Homegrown Band) – 2015

C’est artiste a eu une longue carrière avant d’émerger sur la scène internationnalle. Depuis 2013 et l’album “Topsy Turvy World” produit en Jamaïque, Kiddus est vraiment de retour aux affaires! Le voici cette fois en compagnie DU backing band reggae français le Homegrown Band. Ils ont accompagné Horace Andy, Lee Scratch Perry et la moitié des légendes jamaïcaines de passage en France et aussi Pierpoljack, hum. Enfin, dans ce cadre on ne peut pas s’attendre à un bouleversement des canons du reggae! Mais ils faut avouer que le groupe assure bien et que la voix de Kiddus I est captivante. Donc, dans un style très classique cette collection d’hymnes à l’unité et à l’amour est tout à fait recommandable.

Songhoy Blues – Music in Exile – 2015

Nous avions découvert ce groupe malien sur la compilation du projet Africa Express de Damon Albarn “Maison des jeunes”. Cette chanson brulante mêlant riff rock et rythme de calebasse typique d’Afrique de l’Ouest. Le reste de l’album est dans cette formule avec des ajouts parfois intempestif de batterie occidentale. On entend parfois du rock psychédélique des années 70, très en vogue en ce moment. En concert, ce groupe doit tout déchirer, en CD par contre, l’écoute d’une traite de cet album s’avère quand-même un peu ardue, les guitares incandescentes écrasant pas mal du nuances mélodiques et rythmiques. Heureusement les inspirations sont diverses et variées, allant du blues en feu à la douce chanson acoustique en passant par quelques réminiscences touaregs. Nous les attendons de pied ferme en live!

Baba Commandant & The Mandingo Band – Juguya – 2015

Marchant dans les traces du Très Puissant Orchestre Poly-Rythmo De Cotonou, nous arrivent du Burkina Fasso le Baba Commandant & The Mandingo Band. Inspiration encore plus encrée dans les années 70 que Songhoy Blues, on retrouvera donc ce mélange de funk et de poly-rythmie typique de cette époque. Les amateurs des enregistrements africains vintages seront aux anges avec ce cocktail savoureux de tradition ancestrale et de funk-rock naif. Baba Commandant (Sanou Mamadou) est né a Bobo Dioulasso en 1973. En 1981, il intègre comme danseur Koule Dafourou (troupe traditionnelle BOBO, son ethnie). De 98 a 2010, il est chanteur dans le groupe Dounia puis dans Afromandingo Band. Le voilà avec son projet solo essentiellement tourné vers la transe, qu’elle soit jouée au balafon ou à la guitare électrique. Ecoutez seulement cette voix, ce mec est vraiment habité! Et son djinn montre le bout de son nez dans tous les registres de son répertoire. Excellent!

Africa Expres – Africa Express Presents… Terry Riley’s in C Mali – 2014

S’il y a bien un projet surprenant, c’est bien celui-là! Pas très étonnant qu’il nous vienne du stakhanoviste en chef: Damon Albarn! Faire jouer une grande composition du musicien répétitif Terry Riley par des musiciens maliens. On connait l’attirance d’Albarn pour le Mali, on le connaissait moins pour ses accointances avec la musique contemporaine! La texture du morceau de Riley prend une nouvelle allure. L’unique morceau de cet album long d’une 40aine de minutes est plus digeste de cette manière qu’avec son arrangement monocorde d’origine. Nous serions curieux de savoir comment les musiciens malien ont été convaincu d’entrer dans le projet et comment ils ont appréhendé cette épreuve.

Zoufris Maracas – Chienne de vie – 2015

Ce groupe a raffraîchit la chanson alternative française. Par leurs inspirations bien plus éclectiques (soukous, calypso, reggae, etc.) et souples que leurs collègues et par cette voix qui énonce nonchalamment des vérités cruelles. La surprise est moins grande sur ce deuxième CD mais l’étrange magie opère encore. Ils ont le swing dans la musique, ils ont la morgue dans les paroles. On s’étonne quand même d’une collaboration avec Winston McAnuff, eux qui semblaient tellement creuser leur sillon dans un doux pessimisme solitaire.

Renato Mundele – Congolese Rumba – 2015

Ancien de l’orchestre Big Stars du Général Defao, groupe kinois légendaire, Renato Mundele en est à son deuxième album solo. On peut y entendre des rumbas sensuelles et indolentes. On imagine la chaleur écrasante et les danseurs qui imprègnent leurs mouvements charnels d’un minimum de variétés mais d’un maximum de nuances. La moiteur fini par nous envahir et on se laisse indubitablement bercer par ces douceurs acoustiques.

Faada Freddy – Gospel Journey – 2015

Un rappeur sénégalais se fait connaitre en France avec son groupe Daara J. La route étant ouverte, il se lance dans un aventure solo qui donne franchement dans la gospel a capella. Virage étonnant mais virage efficace qui lui ouvre maintenant les portres des Etats-Unis! Il faut dire que la gars a de la voix et que les arrangement sont très classe! Ca frise la soul dégoulinante à l’américaine sans pour autant tomber dans ses travers pathétique. Ca plus grand chose à voir avec le Sénégal mais plutôt avec le rêve américain d’un sénégalais raffiné.

Catia Werneck – Tudo Bem – 2014

Nous ne sommes pas vraiment friand de jazz chez Djiboutik, mais certaine fois quand il s’allie à des musiques puissantes qui ne peuvent s’empêcher de lui imposer sa cadence, nous parlons de la bossa nova, nous parlons donc de la samba, la mixture prends une jolie forme raffinée et féline irrésistible. C’est ce que Catia Werneck nous apporte sur un plateau. Sa recette comprend des harmonies blues sortie d’un vieux club de jazz défraichit. Il ne nous reste qu’à trouver l’adresse de ce club! Class!

Ceumar – Silencia – 2015

D’inspirations contemporaines et éclectiques cette chanteuse brésilienne du sud du Minas Gerais, nous donne à entendre un disque d’un genre populaire à présent au Brésil, la chanson féminine naturaliste. Ainsi plusieurs rythme comme le coco, le forró, la samba, le choró sont personnalisés à la mesure de cette artiste lunatique qui navigue entre le doux et l’énergique.

Mocambo – Aruanda – 2015

Un artiste installé en Belgique mais dont l’identité reste floue. Ce n’est pas cet album qui va nous aider a démêlé les fils de cet écheveau. El targarel, le rappeur, leader de ce projet, nous emmène dans un trip en plusieurs couches. D’abord, l’histoire du personnage, fils d’une afro-brésilienne perdue, puis, le voyage géographique à travers l’immensité du Brésil et enfin la recherche identitaire, ou comment retrouver son africanité au travers de la culture brésilienne. On sent ce disque imprégné des esprits du candomblé et, par delà, hanté par toutes les musiques africaines moderne, blues, hip-hop, afrobeat et soul.

Sam Lee – The Fade in Time – 2015

Le folk a cela de rebutant qu’il est souvent joué religieusement par les gardiens de la traditions. Heureusement que Sam Lee est là pour ramener à la vie cette musique trop vite embaumée! Après un splendide album en 2013 “Ground Of Its Own” qui rhabillait de vielles chansons du patrimoine de la Grande Bretagne en haute couture contemporaine raffinée, qui lui avait rapporté une nomination au Mercury Prize, on attendait ce jeune surdoué au tournant du deuxième album. On est pas déçu, le dépouillement du première album a fait place a des arrangements plus complexes mais pas moins intéressants. On croirait à des patchworks de musiques non identifiées de la planète. C’est ce qui rends ces chansons universelles sans pourtant en retirer une once de puissance d’évocation. Il faut absolument voir ce jeune grand échalas, pieds nus, roux comme Fifi brin d’acier, introduire en toute simplicité ces morceaux en live, nous convaincant au passage de sa passion pour les chansons gitanes du Royaume Uni, car cela dédramatise des arrangements contemporains qui peuvent sembler solennel et hautains sur ce nouvel album. C’est un vrai travail de revitalisation d’une tradition qui se met en branle sous nos yeux et nos oreilles ébahis!

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