Sonic Cathedral

10:54 chronique

Sonic Cathedral

jazz électro-classique

Concert – Cathédrale Saint Gudule – mai 2008

D’abord, on rentre dans la cathédrale, d’emblée on est frappé par l’agressivité de la religion chrétienne. Des Saints impressionnants vous en imposent du haut de leurs piedestales, de leurs gigantesques tailles, vous toisent, l’œil durement inquisiteur. La chaire de vérité est un concentré de violence: viol, meurtre et cadavre se mélangent dans une morbide farandole. On en reste littéralement atterré, impudents insectes que nous sommes. Ou alors c’est moi!?

Le prêtre du lieu nous rassure, nous sommes les bienvenus, dans la transcendance, précise-t’il.
Les premières émotions passées, le concert peut commencer. L’éclairage est sobre et classique, une lumière projette une ombre fantômatique du chef d’orchestre sur les colonnes. D’autres mettent en valeur l’architecture où tout incite à lever les yeux au ciel (chacun pour une raison qui lui est propre). L’orchestre entame le concert avec Murcof, le bidouilleur electro-mexicain. Je dois avouer ne pas distinguer beaucoup de ce qu’il produit comme son, sous l’imposante armada de cordes et d’archets de l’orchestre des musiques nouvelles, à peine un lourd voile synthétique.

Le concert enchaînera alors compositions classiques, composition très classiques et montée de sève transcendantale plus moderne et, au passage, en remet une couche dans le traumatisme catholique par une pièce jouée par l’impressionnant orgue de la cathédrale, dont le musicien est juché à une bonne dizaine de mètre au-dessus de nous. C’est vraiment le sons des enfers!

A côté de l’abstraction des compositions de Murcof, Arvo Part et Beethoven semblent bien pop, même sous les coups d’archets ciselés de l’orchestre des musiques nouvelles.

C’est Ibrahim Malouf qui apportera vers la fin la véritable étincelle de cette soirée, le son de sa trompette mystico-jazz, apportant enfin une touche universelle à la transcendance espérée. On s’élève alors du plancher des vaches, lévitant dans un champ de notes brillantes et légères.

La performance s’achève par une pièce magistrale jouée à l’unisson par Malouf, Murcof et l’orchestre. S’en suit une standing ovation d’un bon quart d’heure (bon, là il faut arrêter avec cette histoire de « standing ovation », c’est n’importe quoi, maintenant on fait des standing ovations pour tout et n’importe quoi, je dis stop!).

Plus tard on rencontrera dans un café le chef d’orchestre encore tout habité par sa performance, le sourire jusqu’aux oreilles, les yeux tournés vers l’au-delà et une bière bien terrienne à la main.

2 Responses
  1. bEN :

    Date: décembre 2, 2008 @ 15:14

    Bonne critique. J’ai trouvé les parties de Ibrahim Maalouf & les compos d’Arvo Pärt plutôt réussies…

    Et dire que tu as failli resté bloqué dans cette chaire de vérité (pour me saluer de l’autre côté), tu as échappé de peu à un sort infernal! 🙂

    +
    extrait video sur YouTube: Sonic Cathedral @ Cathedrale St Michel & gudule
    http://www.youtube.com/watch?v=4C_NB1MyuHE
    et le titre improvisé (« Live improvisation » c’est orignal) de Maalouf, sur son MySpace http://www.myspace.com/ibrahimmaalouf

  2. Hubdidub :

    Date: décembre 3, 2008 @ 19:15

    Ah oui, j’ai faillis effectivement me faire enrôler dans la farandole morbide sans espoir de retour. Heureusement les mécréants gagnent toujours à la fin!