Michel nous raconte : polyphonie : l’Asie du Sud-Est

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Pour clôturer ce périple consacré aux polyphonies dans le Monde, c’est l’Asie du Sud-Est qui nous a intéressé.

1) Les polyphonies vocales des ethnies au Sud-Ouest de la Chine continentale, en particulier le peuple Dong à la frontière du Vietnam, ainsi que celles des peuples autochtones taiwanais, réfugiées pour la plupart dans les montagnes nous sont moins bien connues alors qu’elles offrent une grande variété de techniques et sont riches d’enseignements socio-historiques. Nous pouvons observer, au cours de notre voyage des montagnes du Sud de l’Albanie, de la Sardaigne, du Caucase géorgien, des endroits difficile d’accès comme la forêt et le désert où se sont réfugiés les Pygmées et les Bochimans, que les sociétés qui pratiquent la polyphonie, sont fortement soudée par la coopération lors des travaux collectif, relativement égalitaires mais assez refermés sur elles-mêmes et préoccupées de ne pas enfreindre les règles du « canon «  de l’honneur. La mondialisation, la circulation commerciale des biens , des capitaux et des gens sonnent le glas pour ces sociétés. Leurs savoirs faires, leurs techniques, leurs valeurs sont des pièces qui n’ont plus cours dans le cosmos capitaliste actuel.

2) Les stratifications instrumentales et vocales, de cycles en contrepoint ou partiellement improvisés, qui peuvent s’étager jusqu’à 9 couches, sont propres aux « Gamelangs » des cours du centre de Java, en particulier à Jogjakarta. Mais l’ile de Bali, en particulier dans la région de Ubud ont préservé la culture indoue et ses particularités culturelles. Le théâtre d’ombre, animé par un « Dalang » capable de modifier le timbre de sa voix en fonction des personnages qu’il anime. On lui prête des qualités d’un chaman et on retrouve cette proximité magique avec des animaux totémiques ou issus de grands récits indous comme les singes dans le « Ramayana ». Les ensembles vocaux à la violence sauvage, style sacre du printemps, dans les rituels théâtralisés en « danse des singes du « Ketchak » étaient à l’origine purement chamaniques tout comme les vociférations rythmées quasi ritualisés des villageois lors des combats de coqs. Le petit extrait d’un rituel bien sage d’un combat de coqs à Bali ne rend pas suffisamment cette expérience de transe surchauffée qu’i l m’a été donné de vivre et de ressentir, au détour d’une déambulation, en dehors des chemins battus par les touristes et par la suite,j’ai été intéressé par les comptes rendus d’anthropologues mal connus chez nous, comme Geerz et Turne qui vécurent ces « expériences de trouble liminaires ». Le célèbre anthropologue américain Cliffod Geerz, parti à Bali pour « comprendre » de l’intérieur , en
bon partisan de Max Weber(plutôt qu’expliquer «  de l’extérieur par déterminisme causal comme Durkheim ou Bourdieu)les Balinais et les Javanais Et comme dirait l’anthropologue anglais Victor Turner mort en 83, il entra lors d’un combat de coqs,« en communitas existentielle lors de vcette
phase sacralisée de ce rituel avec la Balinais, en vivant cette expérience de transe un peu comme des supporters de foot fanatisés, chauffés à blanc par le combat. La langue allemande distingue l’Erfarung (l’expérience, processus par accumulation de savoir-faire, comme par exemple l’expérience professionnelle acquise avec le temps) et l’Erlebnis, L’Expérience ressentie, vécue lors d’un événement marquant comme une initiation rituelle ou une conversion.

3) Avec le style de cour sundanais, dans la région de Bandung, au S-E de Java, la flûte «suling » dialogue avec la chanteuse (ou pour terminer ici, avec un travesti ) sur un tapis de cithare « Katjapi ».

Nous observons enfin, l’importance, en Asie, des formes théâtrales et ses origines chamaniques, puis recentrées dans les cours (originellement des chamanes qui entrent en transe et se donnent en spectacle face à un public passif) pour diffuser les grands récits entre l’Inde et le Japon, en passant
par la Chine, l’Indochine et l’Indonésie, contrairement aux sociétés africaines où la transe est le fait de toute la communauté villageoise qui participe activement àux rituels collectifs. Les ethnie réfugiées dans les montagnes et la société balinaise restent des enclaves de vie communautaires,
intermédiaires entre les modèles culturels des sociétés africaines et asiatiques.

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