La Guyane et Maufrais
mars 24, 2023 9:34 ContactC’est sur les traces de R. Maufrais que nous abordons un aspect de la réalité guyanaise. Aventurier courageux qui a disparu au cours d’une expédition quasi en solitaire, dans les années 50, R.Maufrais a fait couler beaucoup d’encre. Parmi ceux qui se sont intéressés à son histoire, Geoffroi Crunelle, que nous avons à l’antenne (président de l’Association des Amis d’Edgar et Raymond Maufrais, ou A.A.E.R.M., basée à Toulon). Il nous explique quels sont ses liens à lui avec la Guyane et comment est né son intérêt pour cet aventurier qui a marqué la jeunesse d’après guerre. Le tout est agrémenté de morceaux qui reflètent la réalite musicale de cette enclave française en Amérique du sud.
ATTENTION…la premiere intervention tel. de notre invité est difficile d’écoute (cf probleme de réseau> nous l’avons retranscrite ci-dessous) mais les suivantes sont OK (car on est passé au tel. fixe)
RETRANSCRIPTION de la premiere intervention de Geoffroi Crunelle
Comme tu as précisé que c’était en France qu’on avait beaucoup parlé de cette affaire Maufrais, il faut préciser qu’en Belgique aussi il y a eu beaucoup d’échos de cette aventure, de cette exploration, puisque le journal « Le soir » en a parlé, « Le Soir illustre » aussi, et il y avait notamment le magazine « Spirou », qui présentait chaque semaine une BD qui était plutôt à caractère historique. Et donc, en 56, j’avais 5 ans à l’époque (comme ça vous connaissez tous mon âge !), j’habitais à Jette avec mes parents et mon frère, et j’ai découvert une BD (dans le journal « Spirou ») qui était consacrée à Raymond Maufrais. En réalité il y en a eu 3 : deux en 56 et une en 58, et c’est une de celles de 56 qui m’a vraiment marqué. En effet, cette histoire se terminait sur un point d’interrogation, car on parlait de la disparition de Raymond, et que son père, Edgar, était parti à sa recherche. Il était parti en 1954 et il commençait ses expéditions de recherche au Brésil, en Guyane. Et donc ça a été une sorte de flash, pour moi, et à partir de ce moment-là j’ai commencé à réunir des informations, à collecter des documents sur Raymond et Edgar Maufrais, sur ses expéditions de recherche, et, de fil en aiguille, sur la Guyane. Donc je me suis intéressé effectivement à ce département. J’avais envie d’aller y vivre, pas nécessairement de refaire le trajet de Maufrais, car je n’avais pas vraiment de capacité ou d’envie de faire de l’exploration dans la jungle. Mais j’avais comme objectif d’aller vivre chez les Indiens de Guyane (un objectif que j’avais à mes 18 ans). Il y avait un certain André Cognat, qui au début des années 60 avait obtenu une bourse Zellidja pour aller en Guyane, mais il a chaviré et a été recueilli par des Indiens quelques temps. Puis il y est retourné en 1964 et il y est resté toute sa vie. Il a créé un village, fondé une famille, et il a vraiment réalisé son rêve, c’est-à-dire de passer toute sa vie chez les Indiens.
Aymeric: pardon Geoffroi, de qui parlais tu ?
De André Cognat, un ouvrier métallurgiste de la banlieue de Lyon, et qui partait comme ça pour un voyage précis d’un mois ou deux, et qui, suite à son accident sur le fleuve a été recueilli par des Indiens, mais il a eu un coup de foudre, et a donc eu l’idée de passer toute sa vie avec ces Indiens du sud de la Guyane.
Voilà, ça c’est un petit peu ce que j’avais envie de dire (pour mieux éclairer le contexte), et donc en 1971, je suis parti là-bas pour essayer d’y trouver une solution professionnelle ; j’ai pu aller travailler comme instituteur chez les Indiens Palikours, au nord du fleuve Oyapock, qui fait frontière avec le Brésil, donc à l’Est de la Guyane. Ça a été une expérience qui n’a pas pu se poursuivre. J’ai fait après des études d’agriculture tropicale, en Belgique, à Ath, et en 1974 j’y suis retourné, à Saint-Laurent-du-Maroni cette fois, côté Surinam, à l’ouest de la Guyane. J’y suis resté quelques mois et ai tenté de créer une exploitation maraîchère mais ça n’a pas marché non plus. Une troisième fois, je suis allé avec ma femme et mes enfants, (je me suis marié, en Guyane en 1972, avec ma femme, qui est belge). Ils m’ont accompagné lors de ce 3ème séjour, et donc, entre 1977 et 1978, on a vécu à Maripasoula, avec nos deux enfants, j’y étais technicien agricole tropical. Voilà. Ça a été mon bref parcours en ce qui concerne la Guyane (parce qu’il y en a eu d’autres). Mais j’ai fait en gros trois séjours plus ou moins long en Guyane.