les musiques du Vénézuela

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A l’occasion du focus Venezuela du festival du cinéma de documentaire et de fiction latino américaine, nous avons eu l’occasion d’investiger à propos de la musique vénézuélienne d’hier et d’aujourd’hui.

Donc voici quelques pistes pour débuter dans cette musique riche et variée.

Actuellement, la scène musicale vénézuélienne est en effervescence, ça part dans tout les sens! Non seulement la musique traditionnelle reprend du poil de la bête, mais les musiques latines plus générales (salsa, merengue, reggaeton) restent très ancrées et que dire des musiques actuelles! Les groupes rock, pop, hip hop, electro, etc. pullulent dans les grandes villes.

Pop

Bacalao Men

Bacalao Men

La référence en rock du pays est Desorden Publico, un groupe qui existe depuis presque 20 ans et qui est très populaire. Personnellement, si je suis sûr que ce groupe a compté et compte encore pour les vénézueliens jeunes et moins jeunes, sans doute surtout pour les textes, musicalement, cet espèce de ska-rock-pop ne sort pas du lot pour ceux qui ont déjà entendu les nombreux groupes du genre dans le monde. Dans ce genre, King Chango, installé désormais à New York, est un peu plus attirant. Leur ska rock, bien qu’adressé principalement aux ados, donc un peu naïf, s’avère beaucoup plus festif.

PapaShanty

Papashanty

En reggae, Papashandy Saund System est le groupe qui marche. Il parait que plein d’autres groupes suivent la même voie. Papashandy mélange reggae, ska, ragga, hip hop, tout ce qui parle aux jeunes, c’est assez efficace mais pas d’une originalité transcendante.

Dans le genre pop funk, un groupe fait sensation par son humour sarcastique et son savoir-faire groovant: Los Amigos Invisibles. Le groupe, dont certains CD sont sortis chez Luaka Bop, le label « world contemporain » de David Byrne, et ont donc bénéficié d’une distribution mondiale, est très populaire dans toute l’Amérique Latine. Ce sont des missiles funk que produit ce groupe, avec hélas parfois une production un peu mieleuse mais c’est là une des caractéristiques incontournable du genre.

Nouveau venu sur la scène, pas loin des Amigos, Bacalao Men exécute un travail de rapprochement entre rock pop funk et musiques caribéennes très intéressant. S’il y a bien un groupe qui a un avenir international, c’est bien eux. Ils ne leur manque plus qu’une distribution qui dépasse les frontières.

Hip hop & electro

Vagos Y Maleantes

Vagos Y maleantes

Comme dans toute l’Amérique Latine urbaine (existe-t’il d’ailleurs une ville dans le monde qui n’ait pas son groupe de rap?), la scène hip hop est fourmillante, que ce soit sur des beats purement hip hop, reggaeton ou carribéens. Citons juste quelques noms: La Corte, qui semble un des groupe fondateur du mouvement dans le pays; de ce groupe sont issus DJ Trece, qui donne dans le breakbeat electro assez personnel, et Tres Dueños, quelques uns des rappeurs de la bande, Vagos Y Maleantes, les plus énervés du lot et Venezuela Subterrànea, les plus lourds (gothique?).
Bon, faites gaffe aux paroles, ça ne vole pas toujours très haut, on y parle des quartiers et des caïds comme le font tous les groupes rap du monde, dans un langage cru à la limite du patois incompréhensible ou même incompatible avec de prudes oreilles! Niveau musical, impossible pour ces crews d’oublier leurs racines caribéennes, ce qui laisse la place entre deux imprécations péremptoires à d’entrainants samples de salsa ou guajira qui feront rougir de jalousie les plus commerciaux Orishas.

La musique électronique commence à faire une percée dans le paysage musicale vénézuelien. Pour l’instant, à part DJ Trece cité plus haut – un gars qui pourrait être signé chez Warp – juste un nom à vous donner: KP 9000, un collectif qui invite des MC connus ou inconnus à tchatcher sur une techno de bonne facture.

Musique traditionnelle

tambor urbano

Tambor Urbano

Depuis quelques années, on va dire depuis la chute du mur de Berlin et le début de ce qu’on appelle la mondialisation, la recherche d’une identité nationale plus marquée se fait sentir dans le monde entier. Cela se traduit souvent dans un regain d’intérêt pour les musiques traditionnelles. Et effectivement, le Venezuela ne déroge pas à la règle, le patrimoine musical, déjà à la base moins délaissé que par chez nous en Europe, est redécouvert par une nouvelle génération de jeunes et moins jeunes. Un mouvement lancé par le groupe Madera et continué actuellement par la formation La Herencia. Mais il existe une quantité de groupes qui perpétuent les traditions tout en les modernisant: Tambor Urbano, Un Solo Pueblo pour ne citer que ceux-là.

A ce propos, écoutez dans notre rubrique « case d’écoute », l’interview de Palenque Son Karibe, un groupe qui mêle des musiques de racines vénézuéliennes et colombienne. Ceux-ci nous parlent entre autre de Barlovento, la ville où se concentre les racines de la musique afro-vénézuélienne.

Le rythme traditionnel – emblématique du pays serait-on tenté de dire – est appelé « la gaita » (à ne pas confondre avec la flûte colombienne, rien à voir!). Ca sonne comme un croisement entre la musique llanera (à base de harpe principalement, cfr Simon Diaz, compositeur entre autre du classique « Caballo Viejo » et, si je ne me trompe pas, de « Moliendo Café », rien de moins!) et les rythmes afro-vénézueliens. Un assez bon représentant de la gaita est la formation Mandingo Y Su Familia. Ceci dit, cette musique un peu trop rabachée à toutes les sauces a été prise en grippe par les jeunes. Aucun jeune groupe moderne qui ne s’en revendique donc…

Dans la musique llanera, juste le nom d’un musicien qui semble assez comique: El Cazador Novato

Sinon vous trouverez pas mal de compilations « touristiques » (« rough guide » et consors) qui vous donneront leurs propres versions du folklore vénézuélien.

Salsa

Dimension Latina

Dimension Latina

Le Venezuela possède une longue lignée de salseros, le pays faisant partie des caraïbes, le nord du moins. Les échanges dans cette partie du globe sont serrés. Le son cubain (comme, plus étonnamment, le calypso Jamaïcain) y a eu un succès énorme. De la salsa vénézuelienne, tous le monde connais Oscar D’León bien sûr mais ignore qu’il fut le simple chanteur de La Dimension Latina, LE groupe de référence en salsa de ce pays. On peut encore citer le Sexteto Juventud, une formation qui faisait une sorte de son cubain pop tout à fait entrainant, dans les années 60 et est l’auteur d’un tube dans toute l’Amérique Latine « Espiritualmente ».

Le coup de coeur

Ray Perez

« El Loco » Ray (Perez)

Le coup de coeur en ce qui concerne la muique vénézuelienne est Ray Perez, un drôle de gars, un pianiste à l’origine de plusieurs formations aux noms aussi évocateurs qu’incongrus. Son premier groupe: Los Dementes avec qui il gravera son premier tube: « Pal’23 », s’en suivra une suite de formations dont Los Kenyas ou Los Calvos (Les Chauves!), jusqu’à son déménagement vers New York où il s’encanaillera avec les gens de la Fania (Charlie Palmieri en tête).

Ce type un peu dément jouait de la salsa avec un batteur (et non un timbalero), oui mais avec un batteur jazz au swing explosif (pas un gros lourd de batteur rock, Dieu merci!). Déjà son piano emportait tout sur son passage à un rythme effréné, mais les musiciens dont il s’entourait ne ralentissaient rien à la frénésie de cette salsa swing « a mil »!!

Je ne connais guère que le colombien Fruko (et ses fameux « Tesos » (Durs)) qui pouvait rivaliser dans les années 70 avec « El Loco » Ray. Sinon rien de comparable, le plus swing, c’est lui!

Pour tout savoir, un interview très complet et intéressante du monsieur.

Bon, ben…

Il semble que les musiciens vénézuéliens se prennent moins au sérieux que la moyenne. Que ce soit par l’humour dans les paroles ou par l’irrévérence dont ils font preuve dans le mélange des genres, ces musiciens cultivent une créativité pop impressionnante!

Hubdidub

Merci à Joaldo Dominguez pour les séances d’écoute et d’initiation!

Tango Experience

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Le tango m’a toujours laissé froid, trop sophistiqué, trop rigide sans doute, jusqu’à ce qu’arrivent des gens comme Juan Carlos Caceres et Daniel Melingo. Je n’avais pas capté que dans le tango, au delà de tout le cinéma sérieux, il y avait beaucoup de malice!

Silvia Abalos, LA chanteuse mexicaine de Bruxelles, qui assure les voix dans le projet, peut laisser cours ici à sa verve théâtrale, alors que dans ces autres projets, elle donne plutôt dans la sincérité. La voir se laisser aller comme ça, ça fait plaisir.

Sinon on retrouve, dans un petit salon cossu, à l’occasion des concerts « living room » du festival Klara, outre miss Abalos, trois musiciennes du nord du pays qui assurent un maximum avec sérieux et concentration.

Dans ce contexte, ce tango au féminin est tout à fait charmant. Le public qui se presse dans les sofas et chaises de cuisine dépareillées (sans doute qu’il y en a quelques unes du voisin!) ne s’y trompe pas, ils déborde d’enthousiasme à chaque mini set d’une demi heure.

Globo Música! – World Music From Belgium

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Globo MusicaUne des raisons fondamentales pour laquelle je reste attaché à cette ville, Bruxelles, c’est parce qu’on n’y est pas toujours vraiment. Enfin, elle possède tellement de facettes, qu’on n’a pas encore fini de les explorer toutes. La gastronomie portugaise, les discothèques colombiennes, les épiceries asiatiques ou les restaurants bulgares, rien que mon quartier, il faudrait une vie entière pour parcourir son labyrinthe identitaire. On y voyage en permanence sur place, j’aime ça, surtout en dehors des vacances!

Et c’est de ça que nous parle la compil Globo Música: la world music de Belgique. Donc, on est chez nous avec N’faly Kouyaté, Mala Sangre 5, Farida Zouj, Gjovalin Nonaj ou Silvia Abalos. Chez nous et ailleurs, on possède enfin le don d’ubiquité! Vive la mondialisation où notre vie est un voyage permanent. Même la pochette de ce CD, faite de paille, de papier et d’illustrations bien de chez nous, parait venir d’un au-delà exotique, c’est beau!

Cette pochette donne un avant goût de ce qui arrivera dans nos oreilles dès qu’on aura dénoué le brin de paille qui l’enserre, légère, délicate, vive et sophistiquée. Tout comme la musique qu’on entend maintenant que le CD tourne enfin dans le lecteur. La kora de N’faly Kouyaté a des accents de clavecin baroque par moment, Le flamenco de Mala Sangre 5 s’envole en volute au dessus du feu qu’on vient d’allumer au milieu du salon, Les filles de Mec Yek nous rejoignent (me rejoignent, tant qu’à être dans le rêve, ne nous arrêtons pas en aussi bonne route!) dans la farandole qui c’est mise à tournoyer autour de celui-ci, Gjovalin Nonaj les encourage par des airs d’accordéon enjoués. Tout ce petit monde se rejoint dans mon salon, des bouteilles de vin sont débouchées, les brochettes roussissent, le feu crépite de plus belle, ça rit, ça pleure, ça chante, ça se lamente, ça boit, ça fume, ça danse… Tout le monde est arrivé avec des instruments en bois, sans sono (100 % unplugged, dit la pochette) mais avec joie et passion. Le monde tourne enfin dans le bon sens, autour du feu, autour des plaisirs de la vie…

Jusqu’au moment où je sors de ma rêverie, alors que le CD tourne imperturbablement depuis un bon moment sur son dernier sillon, et me rends petit à petit compte qu’il va falloir ranger, nettoyer, récurer tout le bordel que les musiciens sont venus foutre au milieu de mon salon!

Pour vous procurer ces petites fêtes portables bien de chez nous, rendez-vous chez vos meilleurs dealers de CD.

Hubdidub

Añejo Reserva 7 Años – compilation Radio Chango

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Compil Radio ChangoJ’ai d’abord cru, il y a longtemps, que radiochango.com était le site officiel de Manu Chao. Puis, j’ai remarqué qu’on y trouvait un tas d’autres groupes du monde entier. Enfin, que Manu Chao y apparaisse en y faisant plus que de la figuration, est un signe de quelque chose. Par exemple, pour avoir une chance de figurer sur la compil du site, vous feriez mieux d’avoir un message un tant soit peu révolutionnaire (et donc forcément un peu naïf)

Selon les organisateurs, la sélection des groupes est basée sur des critères musicaux qualitatifs, mais aussi sur l’esprit (qu’est ce que je vous disais), l’esprit jeune et festif. Et effectivement, il y a de quoi remplir 10 ans de festival Esperanzah côté court avec cette trentaine de groupes issus pour la plupart d’Europe.

On trouve de tout sur cette compil, toutes les musiques que l’on pourrait estampiller « bonne pour la révolution », du rap, du rock espagnol, des rythmes electro-magrébins ou des trucs vaguement latino et beaucoup de « mestizo« , cette musique originaire de Barcelone qui mélange chanson, rock et rythmes latinos. Normal, on n’ est pas loin de Barcelone avec Radio Chango.

On y trouve des grands noms (Manu Chao évidement, Keny Arkana, La Troba Kung Fu, BNegao, Amparanoia, Ojos de Brujo, Dusminguet) et des petits noms (tous les autres). Les grands noms, en général ont offert un morceau à remixer ou une version inédite d’une chanson. Selector Mantazas s’occupe souvent des remix et s’en tire assez bien à chaque coup. Même pour la cumbia « Arroz Con Coco » de l’anonyme Lucho Bermudez, coquin!

A noter que le seul artiste d’Amérique latine, le rappeur brésilien B-Negao, une chouette découverte (on en reparlera ici dans le futur), sera en concert à l’Espace Senghor en novembre de cette année 2008. Les autres latinos ont été bloqués par des murs administratifs ou d’incompréhension. Dommage.

Cette compil est à commander uniquement sur le site www.radiochango.com
Pour seulement 10 euros, vous avez droit à presque 3h de musiques endiablées exécutées par quelques 30 formations.

Hubdidub

Festival Esperanzah!

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L’important dans un festival, c’est de trouver son chemin. Entre: amis, occupation professionnelle (Radio Esperanzah!), pauses revitalisantes et concerts. Et chacun trouve le sien. Pas toujours simple mais chacun le sien comme dit la chanson.

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• VENDREDI était le jour de l’installation, donc pas vu grand chose. Le temps de se mettre dans l’ambiance, déjà pas mal de concerts avaient pris fin. A peine le temps d’apercevoir le look Zappa vintage de la section rythmique de Little Cow, un groupe hongrois pop folk qui, s’il n’a pas inventé la poudre, prouve que de ce côté de l’Europe, la pop moderne est plus perméable aux influences diverses qu’à l’ouest et c’est tant mieux.

Little Cow

Little Cow

Passé 2 minutes voir Mala Vita, sorte de croisement italien de Rage Against The Machine et Mano Negra pour faire court, très adapté à la scène « côté cour » justement.

Aperçu Vieux Farka Touré de loin, cette musique africaine qui se risque au funk blues jazzy n’emballe guère. Le vieux père (Ali Farka), faisait beaucoup plus dans la dentelle que son rejeton et déjà, je n’étais pas à la fête, alors…

Xavier Rudd

Xavier Rudd jouant plusieurs Didjéridoo à la fois! (avec les narines)

Ce n’est qu’avec Xavier Rudd que le niveau s’élève un peu. Enfin une musique en adéquation avec ce que peut donner le son d’un festival (Les sonorisateurs doivent être sourds pour mettre ainsi les basses tellement en avant! Même ici à Esperanzah). Donc Xavier Rudd. Il surprends d’abord par la formation proposée: 2 batteurs et c’est tout! Heureusement on s’aperçoit assez vite que le bonhomme accueille sur ses genoux, non pas sa nièce ni une quelconque groupie, mais une guitare slide. On pense evidement à Ben Harper, mais un Ben Harper qui aurait croisé les White Stripes (donc Led Zeppelin évidement), plus sauvage donc. Par rapport à ce que j’avais entendu de lui, du vague folk anglo saxon, ça contrastait, ça groovait. Puis, Xavier congédie son batteur pour quelques minutes, le temps de nous concocter une techno aborigène à la main. Pas mal, ça reste ce qu’on verra de mieux dans l’utilisation du didjéridoo, un instrument hélas utilisé à tord et à travers pour faire « rituel spirituel ». Je ne sais pas si nos amis aborigènes doivent rire ou pleurer à l’écoute de ce qu’on fait parfois de leur musique… Le batteur revient pour quelques reggae’s minimalistes et mélancoliques, c’est sympa, on se repose.

Même si le final interminable avec son banjo quasi inaudible plombe la fin de son set, on sent que Xavier Rudd est à l’aise dans son trip. Et cela se vérifiera quand on l’interrogera à la radio un peu plus tard. Le type n’a pas seulement des yeux pétillants d’intelligence, il est d’une lucidité, d’une légèreté et d’une amabilité confondante!

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• SAMEDI, c’était le jour des têtes d’affiche, enfin, à moitié têtes d’affiche… Mais qui a besoin de tête d’affiche à Esperanzah? Ici, dans ce festival, les pieds valent la tête et tout le reste, on n’est pas là pour adorer des stars mais pour s’imprégner de vibrations singulières que nous offrent des personnalités particulières.

Silvia Abalos

Silvia Abalos et ses Abalettes

C’est à la mexicaine Silvia Abalos que revient la tâche d’ouvrir la journée des femmes côté jardin. Si sa voix est mexicaine, si son corps est mexicain, si sa parure est mexicaine, par contre sa musique est un court-bouillon d’une vie d’errances et de collaborations diverses. Une musique qui pêche parfois par une accointance trop prononcée avec le jazz sirupeux des années 80. Mais en général la dame s’en tire bien avec beaucoup de sincérité, d’émotion et d’humour. La scène s’anime par la venue de danseuses de cultures différentes, du zapatéo mexicain et de grands moulinets africains exécutés par une brésilienne, et par l’apparition, souvent à contre-temps, d’un MC congolais. Enfin, ça bouge sur scène et Silvia, Au milieu, essaye tant bien que mal de gérer cette ménagerie latino-africaine. Le public adhère à ce spectacle chaud et émotionnel.

Jeté un rapide coup d’oeil à Balimurphy. Qu’est-ce qu’on peut dire d’un groupe comme ça? Que Louise Attaque (et d’autres bien avant eux) est passé par là et a déjà bien synthétisé la chose, que chaque bled français possède sa version de ce genre de groupe sympatoche et franchouillard pour jeunes et que, sans doute, toute la francophonie est maintenant contaminée. Ce groupe-ci est belge.

Koto

Le Koto

Retour à la journée des femmes du jardin: Huong Thanh, chanteuse du Vietnam, accompagné par un guitariste jazz du même coin, une joueuse de koto (cette espèce de slide guitare alongée et asiatique joué bizzarement presque uniquement par des femmes) et trois jazz(wo)men plutôt de par chez nous. Pour une première tentative de musique asiatique au festival, on est pas très convaincu, faut avouer. Oui mais aussi pourquoi toujours vouloir rendre les musiques du monde accessible en les teintant de fusion anglo-saxonne peu convaincante? Seuls deux moments sortent du lot: un morceau en trio, sans les jazz(wo)men et un morceau dans lequel les trois jazz(wo)men peuvent enfin s’exprimer en sortant du carcan fusion vietnam, le jazz à ce moment se lache, enfin! Donc oui, pourquoi ne pas laisser évoluer les musiques du monde dans leurs propres styles? Pourquoi uniformiser par la fusion en fait? Les soli jazz de koto était bien plus convaincants que ceux de la guitare électrique sirupeuse…

Buika

L’incroyable Concha Buika

La grand claque (SSBLAFF! A chaque morceau!) du festival, c’était ce concentré d’émotions, de rires carnassiers, de malheurs noyés au rhum et d’extrême intensité qu’était Buika. La formation très serrée: piano, cajon (vous voyez: la seule percussion qui se joue assis dessus) et voix, point, fait ressortir les nuances de la matière brut qu’est la musique de Buika. On peut être rebuté par cette manière de chanter-déclamer-crier-grimacer limite pathétique de la superbe chanteuse (limite explosée 90 % du temps, mais explosée à la manière d’un vrai feu d’artifice), ce qui est clair c’est que son corps félin, sa musique aride et son chant désespéré-envouté, tout ça bouge comme un seul homme en un mouvement de transe gitano-africaine: splendide!

Descendu voir, bien malgré moi (Interview du groupe prévue dans la soirée oblige), mais de derrière la grille du fond, comme au zoo, faut pas pousser, les zozos de doMb. Bien mal m’en pris! Je dois avoir passé l’âge de ce genre d’idioties. Prix du didjeridoo le plus grotesque (le reste n’est pas loin du même niveau). Interview à la hauteur du prix précité. Idiot (« duMb »? Ils ont du y pensé justement). Jouissif pour beaucoup. Tant mieux. J’ai vraiment passé l’âge!

Pas vu ni Zita Zwoon ni Rokia Traoré, coincé pour mon plus grand plaisir avec Silvia Abalos dans le studio radio; puis avec les gens de Radio Chango et une bande d’espagnols qui envisage – scoop! – d’organiser un festival jumeau, un Esperanzah barcelonais!

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• DIMANCHE. J’attendais la Sonora Cubana avec impatience, surtout pour faire le zazou avec les quelques pas latinos que je peux, dans les bons jours, exécuter avec maestria. Mais voilà, face à une splendide vénézuélienne qui maîtrise autrement mieux la chose, je suis bien à la peine, forcé de me concentrer plus que de coutume pour un résultat pas particulièrement convaincant. Donc ne comptez pas trop sur moi pour vous décrire en détail ce qu’il se passait sur scène! Enfin, c’est sûr, ce groupe belgo-latino (avec quelques cubains pour pimenter) maîtrise son sujet: la musique cubaine. Le papy Mazzacoté, décriogénisé pour l’occasion, ne dépare pas de la vague des papies cubain d’il y a quelques années. L’élégante nonchalance caribéenne, vous voyez? En personne. Le bonhomme confirmera d’ailleurs plus tard en studio: tout lui vient naturellement, pas de répétition, pas de travail… ça fait bigrement envie! Sinon Marka a fait coucou sur la scène avec la Sonora et je n’ai pas tout compris: il chante en espagnol tout en ne comprenant presque rien à cette langue. Il apprend par cœur?

Toute les filles que je croise après le concert de Pura Fé sont bouleversées, les garçons aussi mais juste un peu, eux . Je ne sais pas, y a-t’il des vibrations particulières? Pour avoir vu le concert, un bon bout mais de loin, ça semblait effectivement assez tellurique. L’énergie vient du sol qu’elle frappe intensivement du pied. Tout en s’égosillant sur un blues venu du fond des tripes. Plus de bruit et moins d’élégance que Buika, si je puis me permettre. Sinon encore une formation réduite: 2 guitaristes (dont elle évidement) qui martèlent tous deux inlassablement le sol du pied. Ils vont finir par faire vaciller l’Abbaye sur sa base, à force!

Plutôt chouette ces formations réduites, ça nous évite la mellasse sonore dont nous abreuve le sonorisateur de base et nous permet de capter l’énergie nue. Et de l’énergie, Pura Fé n’en manque pas!

Une demi heure de sieste blotti dans un canapé du studio.

Terrakota et la foule décole

Mon ex-petite amie est portugaise, Josélita, elle m’a largué il y a déjà un bout de temps. Vous n’en avez rien à faire et moi je ne la pleure plus, mais je voulais quand même savoir quelque chose. Elle vouait à Terrakota un culte inassouvible. Moi j’ai dû dégager, Terrakota est resté, je voulais savoir…

Bon, étape 01: Le concert. Se faufiller avec une copine tout devant, là où ça chauffe. Premier bon signe: pas de pogo, pas de vague d’ado en sueur, la musique doit être trop complexe pour le festivalier en quête de jump binaire. Et effectivement, la musique de Terrakota est constituée d’une trame complexe d’influences hétéroclites: Portugal, Inde, Afrique, Brésil, etc. Terrakota, c’est clairement du voyage. Que ce soit en groupe ou séparément, les membres de Terrakota voyagent dans le monde. Que se soit sur CD ou sur scène, la musique de Terrakota voyage dans le monde. Il se peut qu’en une seule chanson, on traverse 3 continents. Là devant moi, la copine danse avec un large sourire, il y quelque chose qui lui parle, qui lui sourit. Il y a effectivement quelque chose qui sourit dans la musique de Terrakota, beaucoup de soleil et ce malgrés des paroles pas toujours très drôles. Ca sourit et ça danse. Chaque chanson se vit avec le corps. Les musiciens ne sont en ce sens pas avares de chorégraphies colorées qui ponctuent pratiquement chacune de celles-ci. C’est Junior, ce concentré d’énergie pure qui semble être l’âme du groupe, entre les chansons, il s’adresse à nous dans un frantugais saccadé et burlesque (malgrés lui).

Etape 02: l’interview. Clairement je m’étais proposé et avais insisté pour réaliser celle de ce groupe, je voulais en savoir plus… Ce sont Alex et Romi, la chanteuse, qui se présente au studio, la conversation sympathique et passionnée sera à la hauteur de leur musique multiculturelle: en français, espagnol, portugais et anglais. Au milieu de la discussion, Junior pénètre dans le studio, silencieux mais armé d’une caméra. Junior est en position « OFF ». Romi lui propose de rester causer avec nous. Junior se lance dans un monologue dans son frantugais fantasque et physique. Junior est maintenant clairement en position « ON », le studio s’électrise!

OK Josélita, voilà j’ai enfin compris: « ON », voilà tout: « ON »…

Alors que nous parlons en studio avec Terrakota et que la conversation s’anime, les éléments naturels ne sont pas en reste. Un véritable déluge s’abat sur Kenny Arkana. Il paraît que le concert n’en a été que meilleur, que les fans sont restés, le poing levé. Difficile à croire à la vue des cordes, des seaux, que dis-je, des bassines qui dégringolaient sans discontinuer sur l’Abbaye, et pourtant vrai!

Howe Gelb et Amparo Sanchez pour un numéro de diva

Mais avant ça, avant le déluge, avant Kenny Arkana et même avant la discussion avec Terrakota, Nous avons eu droit au concert d’adieu de Madame Amparanoïa, Amparo Sanchez pour les intimes (et pour une future carrière solo, qui sait?). « Madame » parce que Manu Chao la site comme une inspiration majeure. Ce n’est pas rien. Amparo nous gratifie de tous ces hymnes de poche en un set joyeux, on danse et on oublie les premières salves de l’orage. Quelques espagnols psalmodient toutes les paroles de toutes les chansons, cette femme a marqué une génération. En fin de concert, Howe Gelb (chanteur, musicien de Giant Sand, un groupe culte pour beaucoup) entre en scène pour nous offrir en compagnie d’Amparo, des hybrides americano-hyspaniques moyennement intéressants et une chanson en français (inconnue au bataillon… Ceux qui savent peuvent nous contacter sur info@djiboutik.be). A la fin, Amparo nous fait sa diva. Je ne sais pas si elle prépare un carrière solo dans ce sens mais, à entendre ce que sa donne, mmm, faudrait pas oublier les choses simples non plus!

Radio Esperanzah se clôture alors (puisque Amparonoïa a annulé son intervention) avec toute la très sympathique équipe des radios alternatives francophones de Belgique. Moi: pas trop dans le coup pour cause de copine oubliée sous la pluie…

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Gentille décadence chez les vip’s

• LUNDI matin. Très tôt. Bizarre effet que de se retrouver dans une sorte de carré VIP pour la fête de l’équipe du festival. Open bar. Comme dans un clip de rap (mais sans la piscine). Julien (ou Selector Matanzas), le boss de la radio est aux platines et, malgré une fatigue accumulée méticuleusement, nous gratifie d’un excellent set ou se mélangent classiques latinos et nouveautés « Radio Chango » et répand la bonne humeur dans la fête. Youpie!

Lundi, beaucoup plus tard. Levé la tête à l’envers. Pas de petit dèj Oxfam, donc pas de bande de mamans en goguette, venues emmagasiner de l’énergie au festival en vue d’une expédition cyclopédique avec leurs nombreuses marmailles, pour m’accompagner. Dommage. On décide alors de faire trempette et une sieste dans un endroit paradisiaque. On ne vous dira pas où, mais il existe pas loin du site du festival, un endroit où il est possible de nager dans de l’eau douce et tiède, émeraude et sauvage. C’est merveilleux.

Retour à Bruxelles en début de soirée, dernière halte dans un restaurant-poissonerie sympathique et au lit!

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PS: Texte, images & fautes d’orthographes protégés par des lois de droits d’auteurs hyper-stricts!

PS2: vous retrouverez des extraits sonores de tout ça sur http://radio.esperanzah.be/
les images du festival sont sur http://www.esperanzah.be/photos

réponse au commentaire: Juste! Mais je ne suis qu’un être humain malgrés tout!!!
Levé la tête à l’envers, la preuve: le beau dessins que j’ai réalisé à l’aide de café bouillant! Buika

Bal Muziekpublique, panaché de rythmes du sud

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De tous les peuples de ce mini festival, les italiens sont les plus sauvages!

Et pourtant il y avait de la concurrence! Brésil, Colombie ou Congo sont d’ordinaire des pays qui sont réputés pour ne pas produire que des berceuses douce-heureuses. Mais voilà, ce sont les italiens de Officina Zoe qui ont véritablement mis le feu au public avec leur transe pizzica.

Les Cumbia Ya! ouvraient le bal que Muziekpublique offrait pour l’inauguration de la place Flagey à Bruxelles (une place inaugurée même si pas terminée!).

On retrouve donc le groupe argentino-franco-colombien au milieu d’un set un peu laborieux. La disparité des membres et l’ébriété du « director » dissolvent la cohérence de leur répertoire pourtant très ciblé. En effet, le groupe ne pratique que la cumbia colombienne d’une époque bien déterminée, la fameuse période dorée de la « cumbia orquestada », grosso modo entre les années 50 et 70. Une musique qui swingue diablement là où le rythme binaire de la cumbia rencontre les big band jazz en une intense étreinte.

Mais les cuivres du groupe, ici, s’enlisent dans des orchestrations ampoulées et la section rythmique s’éparpille un peu piteusement. Heureusement, le concert se conclura par deux bombes bien envoyées qui réveilleront les souvenirs d’un Cumbia Ya! beaucoup plus en forme.

De loin, le forro funky du Orchestra Do Fuba, ne passionne guerre. Dommage que la fougue naturelle de l’accordéon et des percussions brésiliennes, soient noyée sous une bonne couche de basse funky slapée. Enfin, j’étais loin, j’ai du en perdre un bout…

D’ordinaire peu enclin aux rythmes européens, on attendais pas grand chose de cette bande d’italiens. Faut voir Oficcina Zoe débarquer sur scène: un mélange de cul-terreux et de rockeurs s’installe avec l’indolence gracieuse des peuples méditérannéens. Ca commence tranquille, face au soleil couchant par quelques mots en napolitain. Mais, quand les tambourins se mettent en branle et que les tignasses des rockeurs précités commencent à virevolter dans tout les sens, emportées par la transe de la guitare classique, de l’accordéon et des fameux tambourins, on comprend que les quelques italiens déjà chauds du public sont parti pour une performance qui compensera la déroute piteuse de leur équipe à l’euro 2008!

Et on va devoir suivre, qu’on le veuille ou non! En effet leurs rythmes éfrennés prendront tout le monde de cours, personne n’y échappera, la foule n’est plus que farandole sautillante et joyeuse pour une heure incroyablement frénétique! Heureusement, quelques intermèdes sous forme d’harmonies vocales a capela joliment troussés offre le répits nécessaire aux danseurs afin de reprendre leurs souffles.

Il n’y a que très peu de jazz chez Odemba OK Jazz All Stars, ce n’est pas une surprise. Ce n’est pas plus mal. Par contre, il y a du soukous et du high life qui rebondissent, il y a de la joie et de l’émotion. On n’est pas là pour broyer du noir mais pour faire la fête avec le gratin des musiciens du Matongué. Et ça fonctionne, la foule chante et suit la chorégraphie que nous enseigne le groupe, sans se faire prier.

Un bon panaché donc, de rythmes, d’allégresses et de couleurs, réunis dans une europe (tous ces groupes résident ici, en France ou en Belgique) qui découvre et profite des bienfaits des musiques du soleil. Qui profite de cette diversité culturelle apportée par les immigrations successives.

Elza Soares

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Elza soares

Elza Soares

Une Célia Cruz brésilienne

C’est assez incroyable la diversité qui existe dans la musique brésilienne.

La première fois que j’ai rencontré Elza Soares, c’était sur une compilation de soul brésilienne des années 70. On y apprenait que la dame était la femme du capitaine de la seleçao brésilienne de l’époque.

Dès la première écoute, on comprend que la dame a de la voix, que la dame a du caractère. Quand on se renseigne pour savoir à quoi elle ressemble, on est fixé: une solide tigresse! Et, effectivement, au fil des chansons qu’on réussi à trouver sur le net, on se rend compte du caractère de feu de la chanteuse. Une chanteuse qui se fait connaitre à la fin des années 60 et qui s’adapte à plusieurs générations de musiciens. Depuis la samba traditionnelle à ses débuts jusqu’ au hip hop dans les années 2000. Cependant, sa musique s’englue rarement dans la mélasse commerciale. Ses choix artistiques étant de conserver la dynamique survoltée de la musique brésilienne sans la diluer sous des tonnes de production surgonflée aux machines.

Pour en savoir plus sur sa biographie et sur les collaborations avec de nombreux artistes brésiliens, consultez wikipedia. Sinon sachez que son répertoire se déploie dans la chanson aux émotions fortes et explosives et que l’âge ne l’a pas calmée (elle est née en 1938). Un peu une Célia Cruz Brésilienne, si vous voulez, niveau tempérament! Sa version de « Mais Que Nada » est la meilleure jamais entendue de ce côté-ci de l’univers, version réalisée avec Gilles Peterson, s’il vous plait!

Boom Pam

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Boom Pam

Rabbi Jacob chez Tarantino

Concert – Espace Senghor – 17 mai 2008

Un quart d’heure d’avance sur un rendez-vous avec une italienne… Compter donc au minimum une demi heure à tuer. Quand on a tout ce temps à attendre avant un concert à l’Espace Senghor, il y a peu de solutions, mais pas les pires. C’est donc avec un cornet de frittes, de la tartare maison, une bière, quelques clopes et l’arrivée de mes comparses que je me prépare au concert de Boom Pam, un groupe annoncé comme le croisement de Rabbi Jacob et Pulp Fiction. Et en effet, sans avoir l’exhubérance de Louis de Funès, ni la gouaille de Tarantino, le groupe parvient quand même a emmener du Klezzmer sur son surf électrique.

Si le concert se terminera par deux rappels enthousiastes, je peux vous affirmer que se n’était pas gagné d’avance, la salle, le public et le groupe faisant preuve d’une timidité confondante, pas facile de pogoter dans un auguste centre culturel. Il faudra un appel peu assuré du groupe et la témérité d’un courageux fantassin de la fête pour ouvrir le bal; alors que le groupe entame déjà la seconde moitié de son répertoire. Dès que le lien est établit, valses, mazurkas et autres rythmes klezzmers sortent le public culturel de sa léthargie et l’emmène dans une ronde où Rabbi Jacob a enfilé le perfecto et les boots du Travolta de Pulp Fiction. L’électricité des 2 guitares parfois saturée au-delà de l’entendement d’un spectateur moyen de World Music sortira quand à elle, une partie du public peu habitué à ce genre d’agression sonore, carrément de la salle de bal.

C’est un tuba qui prend en charge à lui tout seul la facette « fanfare balkanique » de Boom Pam, en même temps qu’il assure les basses et envoie tournoyer le bassin des danseurs maintenant déjà beaucoup plus en goguette qu’au début de la prestation. Un chant malingre en hébreux émerge par instant d’un déluge de notes virevoltantes et électriques de deux guitares au son salement travaillé mais le groupe reste essentiellement instrumental.

Boom Pam est un jeune groupe israélien qui, s’il a trouvé une bonne alchimie entre deux musiques qui pouvaient paraître difficilement réconciliables, mériterait d’être mieux exposé sur les scènes du monde entier afin d’affiner encore son délicieux brouet et de s’affirmer dans une communication avec le public encore peu assurée.

Boom Pam est un jeune groupe israélien qui, on l’espère, dans son enthousiasme d’harmonisation des opposés, pourrait, en tant que jeune garde de la culture israélienne, amener un vent de réconciliation dans un conflit régional dont on connaît les protagonistes, mais pas l’issue…

Sonic Cathedral

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Sonic Cathedral

jazz électro-classique

Concert – Cathédrale Saint Gudule – mai 2008

D’abord, on rentre dans la cathédrale, d’emblée on est frappé par l’agressivité de la religion chrétienne. Des Saints impressionnants vous en imposent du haut de leurs piedestales, de leurs gigantesques tailles, vous toisent, l’œil durement inquisiteur. La chaire de vérité est un concentré de violence: viol, meurtre et cadavre se mélangent dans une morbide farandole. On en reste littéralement atterré, impudents insectes que nous sommes. Ou alors c’est moi!?

Le prêtre du lieu nous rassure, nous sommes les bienvenus, dans la transcendance, précise-t’il.
Les premières émotions passées, le concert peut commencer. L’éclairage est sobre et classique, une lumière projette une ombre fantômatique du chef d’orchestre sur les colonnes. D’autres mettent en valeur l’architecture où tout incite à lever les yeux au ciel (chacun pour une raison qui lui est propre). L’orchestre entame le concert avec Murcof, le bidouilleur electro-mexicain. Je dois avouer ne pas distinguer beaucoup de ce qu’il produit comme son, sous l’imposante armada de cordes et d’archets de l’orchestre des musiques nouvelles, à peine un lourd voile synthétique.

Le concert enchaînera alors compositions classiques, composition très classiques et montée de sève transcendantale plus moderne et, au passage, en remet une couche dans le traumatisme catholique par une pièce jouée par l’impressionnant orgue de la cathédrale, dont le musicien est juché à une bonne dizaine de mètre au-dessus de nous. C’est vraiment le sons des enfers!

A côté de l’abstraction des compositions de Murcof, Arvo Part et Beethoven semblent bien pop, même sous les coups d’archets ciselés de l’orchestre des musiques nouvelles.

C’est Ibrahim Malouf qui apportera vers la fin la véritable étincelle de cette soirée, le son de sa trompette mystico-jazz, apportant enfin une touche universelle à la transcendance espérée. On s’élève alors du plancher des vaches, lévitant dans un champ de notes brillantes et légères.

La performance s’achève par une pièce magistrale jouée à l’unisson par Malouf, Murcof et l’orchestre. S’en suit une standing ovation d’un bon quart d’heure (bon, là il faut arrêter avec cette histoire de « standing ovation », c’est n’importe quoi, maintenant on fait des standing ovations pour tout et n’importe quoi, je dis stop!).

Plus tard on rencontrera dans un café le chef d’orchestre encore tout habité par sa performance, le sourire jusqu’aux oreilles, les yeux tournés vers l’au-delà et une bière bien terrienne à la main.

Toumast

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Toumast

femme voilée & guitare électrique

Concert – Péniche Biouel juin 2008

Un femme voilée empoignant une guitare électrique! Bon dieu, en voilà une image qui frappe d’emblée! En voilà un cliché de démonter: le voile comme signe d’obscurantisme.

Nous n’arrivons que vers la fin du concert, il ne nous en reste qu’un tiers. La petite foule qui se presse dans la péniche est survoltée. Le groupe n’en revient pas de cet enthousiasme.

Toumast, ce sont 2 rescapés du désert touareg, un petit gars joliment enturbanné avec de grands yeux intenses et une nana voilée par intermittence dont le visage se partage entre allégresse et dureté. Tous deux la guitare en bandoulière. Ils reviennent de loin, il a du s’en passer des choses dans leurs vies.

Toumast, c’est aussi un groupe derrière ce couple. 3 musiciens. Un percussionniste qui doit venir du même coin que le couple du désert et 2 autres plus blancs que blancs: un batteur imposant (trop, mais ça c’est le problème avec les batteurs blancs) et un bassiste imposant (trop mais ça c’est le problème avec les bassistes blancs). Bon c’est vrai, comme nous le confirmera ce même bassiste après le concert, cette section rythmique immaculée permet à la musique de Toumast de s’ouvrir harmoniquement. Bien, mais elle écrase aussi la dynamique naturelle du groupe.

Enfin, peut importe, le public en redemande, et c’est vrai que la transe de leur musique est communicative. Les musiciens sont contents, le public est aux anges, il n’y a guerre que l’organisateur du concert qui fait la tête. Il voudrait rendre la péniche en temps et en heure à son propriétaire alors que la foule, elle, refuse de laisser partir le groupe, en redemande encore et encore.

La musique répétitive et lancinante mais foutrement rock en même temps nous entraine à force de riff de guitare et de cœur plaintif dans une transe joyeuse. Les musiciens profitent de la longueur des morceaux pour s’évader des litanies touaregs, improvisant à foison.

On en aurait bien encore repris de ce rock touareg, mais quand les gens de la péniche ont commencé à démonter le bateau, on s’est dit qu’il valait mieux ne pas rester là…

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